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JUILLET l590.                                    6l
mander pour pouvoir demeurer en sa ville de Paris. Le lundi 9 juillet 1.590, la ville de Saint-Denis fust rendue au Roi, aiant Sa Majesté voulu demeurer elle mesme en garde toute la nuit du dimanche, pour em­pescher qu'aucun secours n'y entrast. La composition fust des plus belles et honorables qui se puissent voir, mesmes pour gens pressés de faim et necessité, comme ils estoient : car ils eurent tout ce qu'ils demandèrent, emporterent tout ce qu'ils voulurent, mesmes leur furent baillés des chevaux pour conduire leur artillerie : ce qu'on n'a point accoustumé d'accorder à des vaincus. Mais le Roy trouvoit ceste ville de telle importance, tant pour incommoder Paris que pour se loger, qu'il ne se soucioit pas à quel pris il la tirast des mains de la Ligue. Aussi l'appeloit il la citadelle de Paris, dont il disoit vouloir estre le gouverneur, pour pourveoir en personne aux nécessités de sa bonne ville, de la­quelle les habitans estans allés au devant de lui, un nommé Godefroi, moine de Saint-Denis, lui fist une harangue pour l'eglise, le priant la vouloir maintenir et eux aussi. Ce qu'il leur promist; « mais à la charge, a dit-il, que vous prierez Dieu pour moi : autrement je « dirai que vous estes ligueux. » Puis Sa Majesté s'estant fait monstrer les belles reliques et precieux joiaus qui estoient en ladite esglise, avisant la couronne de la­quelle on avoit osté les principales pierreries et dia-mans, demanda quelles estoient devenues? cc M. du cc Maine, dirent-ils, les en a fait oster. Il en a donc la « pierre, dit le Roy, et moi la terre? » Il se fist après montrer les sepultures; et regardant celle du roy Henri 11 et celle de la Reine mere toute preste près de lui, Sa Majesté avec un petit soubris commença à dire :
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